Mar 8, 2023 | Blog

Une vision, un objectif et beaucoup de courage: Kiel bien-être, une histoire personnelle

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Le prix Value4her, femme “agripreneur de l’année”, connu sous le nom “WAYA”, est un prix qui reconnait les femmes agripreneurs africaines, qui ont vraiment contribué de facon exceptionnelle vers les filières agricoles.

Ces femmes ont fait preuve d’une innovation remarquable dans les domaines de la sécurité alimentaire, dans la résilience et l’adaptation au changement climatique, ainsi que dans l’émancipation des femmes et des jeunes. Ce prix a, comme objectif, de créer de la visibilité pour ces femmes brillantes et accomplies, et de les promouvoir en tant que modèles – des modèles qui inspirent innovation et ambition pour les jeunes d’aujourd’hui.

Pour cet épisode, nous avons accueilli Célia Chabi, directrice de Kiel bien-être, basée au Bénin, et gagnante du prix pour la valeur ajoutée exceptionnelle de son entreprise. Ses produits à base de baobab (café, huile, pommade, baume) aident réellement à réduire les risques de carences et de dénutrition – et Célia travaille toujours à développer ses recettes pour le bien-être de la communauté.

Nous avons commencé par discuter du parcours personnel de Célia. Elle nous a parlé de ses origines béninoises, elle y a fait ses études et elle a toujours vécu dans le nord du pays. Spécialiste dans l’accompagnement psychosocial des enfants, mais aussi passionnée par la nature et la lecture, son histoire est un véritable exemple du potentiel énorme quand nous combinons nos compétences et nos passions.

“Ma passion pour la nature m’a poussé à créer Kiel bien-être”. La conversation a continué ainsi:

Ton activisme et ton travail dans les organisations et les associations diverses et variées ont-ils commencé assez tôt dans ta vie, et qu’est-ce qui t’a mené vers cette activité ?

J’ai commencé à militer dans la vie associative à l’âge de 12 ans – dans mon quartier j’ai constaté qu’ il y avait des enfants qui, au cours de leur scolarité, n’arrivaient pas à suivre car ils avaient des difficultés pour lire. Donc j’ai commencé pendant les vacances scolaires à organiser des jeux et des activités pour leur permettre quand même de gagner le niveau nécessaire afin de commencer la nouvelle rentrée.

Après, j’ai créé une association qui avait pour but d’intéresser les enfants, à partir de 5 ans, a aimer la lecture. C’est avec cette association que les gens ont commencé à s’intéresser à moi, et c’est parti comme ça !

Raconte-nous l’histoire de ton entreprise, Kiel bien-être. Pourquoi l’entreprise existe-t-elle ? Elle a été fondée pourquoi et comment ?

J’ai connu une période assez difficile, une maladie qui a duré plus de 10 ans, qui m’avait empêché de continuer mes études. Je suis donc passé par une période de dépression vraiment massive.

“Mais je me suis dit: j’ai des objectifs, j’ai une vision, je suis jeune et j’ai tellement envie de contribuer au développement de l’économie de mon pays, qu’il ne faut pas que j’abandonne.”

Donc, je suis arrivé à me relever de cette situation-là. Je me suis posé la question, qu’est-ce que j’aimerais laisser pour la génération future ?

Kiel bien-être est parti d’une histoire personnelle. Mon fils aîné a souffert de la dysenterie. J’ai dû faire plein de recettes de grand-mère, et j’ai essayé avec du baobab. Au bout de 2 jours, les symptômes de la dysenterie sont partie. Je me suis dit “wow!”.

Donc je me suis intéressée davantage à ce que le baobab peut nous apporter nutritionnellement – et à ce que nous pourrions faire avec les feuilles, et avec d’autres parties de la plante, au-delà des petits produits que nous trouvons au marché.

Le thème de la journée internationale de la femme pour 2023 est “L’innovation et la technologie pour l’égalité des sexes”. Quel rôle a-t-elle joué, la technologie, pour la fondation et le progrès de Kiel bien-être ? Qu’est ce que tu vois comme les obstacles et les opportunités avec la technologie ?

Je pense qu’aujourd’ hui je dois parler des réseaux sociaux qui m’ont permis de faire connaître Kiel bien-être à travers le pays et à l’international. Je suis fière aujourd’hui d’être membre de plusieurs réseaux, et tout ça, c’est grâce au numérique. Si il n’y avait pas cette technologie, nous n’aurions pas les mêmes opportunités.

Les femmes s’y intéressent de plus en plus. Mais, prenons le Bénin comme exemple, la scolarité est un problème. La plupart des jeunes filles ne vont pas à l’école. Je pense que chez nous, le gouvernement doit faire le nécessaire pour que toutes les filles puissent avoir une éducation.

Quoique soit la raison, pour les individus comme pour les entreprises, que ce soit les femmes ou les hommes, la technologie et les réseaux sociaux représentent un point de sortie, et davantage d’opportunités.

Comment as-tu su pour le prix ‘WAYA’ ? Et quelle était ta motivation pour présenter ta candidature ?

Ceci a commencé en 2021, quand une amie m’a envoyé le lien – il fallait être nommé par quelqu’un, donc c’est mon époux qui m’a nommée.

J’ai reçu le mail me disant que je faisais partie des top 15, puis des top 7. Mais je n’ai pas pu faire partie des lauréates cette fois-ci…

J’étais en colère, je me disais que j’avais raté une opportunité. J’étais impressionnée quand même par ces femmes qui étaient gagnantes. Donc, en 2022 j’ai vraiment guetté la candidature, j’ai bien suivi le processus du début à la fin et ceci m’a permis d’évaluer et d’améliorer mon projet, de revoir mes objectifs. J’avais maintenant un vrai but, et heureusement pour moi, j’étais cette fois ci parmi les lauréates. J’ai reçu le prix pour l’entreprise de la valeur ajoutée exceptionnelle.

Et quand tu as appris que tu avais gagné, quelle a été ta réaction ? Qu’est-ce que cela signifie pour toi et pour Kiel bien-être, d’avoir gagné ce prix ?

Même le jour de la remise du prix, je ne savais pas encore que je serais gagnante ! C’était déjà très bien d’avoir pu pousser mon entreprise, par la candidature, vers un si grand réseau.

Quand j’ai su que j’avais gagné, je suis un peu passé par toutes les émotions, j’étais surtout étonnée ! Et il y avait bien sûr une part de satisfaction, je me suis dit : “Célia, tu as franchi cette grande étape, maintenant il va falloir que tu travailles encore plus ! Il faut vraiment que je sois à la hauteur de ce projet-la, il ne faut pas que tu déçoives !”

Le prix WAYA nous a aidé à acquérir beaucoup de terre et de matériel, ce qui a transformé notre entreprise et m’a permis de ‘grandir’ en tant qu’entrepreneur. En peu de temps, nous avons fait un truc exceptionnel ,ça a changé ma vie.

Ce que j’ai aussi vraiment apprécié dans le prix WAYA, c’est le suivi. L’équipe ne nous a jamais lâché. De temps en temps, il y avait des personnes qui venaient voir si nous avions besoin d’aide pour ceci, pour cela…Ce sont des choses qui sont rares, en fait.

C’est devenu comme une famille.

Pour les jeunes à travers le continent africain, qu’est-ce que tu leur dirais ? As-tu des conseils pour les jeunes entrepreneurs ?

Je leur dirais : postulez pour les prix comme WAYA ! Car vous ne savez jamais ce qui peut arriver ! Ne jamais perdre votre vision. Il faut avoir une grande vision, et surtout une bonne vision.

L’entrepreneuriat aujourd’hui, ce n’est pas facile. Ce n’est pas qui veut, mais qui peut. Nous avons souvent envie d’abandonner mais il faut travailler encore plus dans ces moments. Et une chose très importante, c’est de vous entourer de bonnes personnes qui vont vraiment vous soutenir moralement.

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